Le gouvernement a annoncé pour la rentrée 2019 une augmentation massive des frais de scolarité pour les étudiants étrangers hors Europe. La section de New York de Français du Monde-ADFE est fermement opposée à cette mesure.
Celle-ci est évidemment contraire à nos convictions humanistes : pour nous, l’enseignement supérieur doit être et rester universel et accessible à tous. Les moyens financiers ne devraient jamais faire partie des critères de sélection, ni pour les bacheliers étrangers des lycées français à l’étranger, ni pour les étudiants étrangers qui, parfois pour ces mêmes raisons financières, n’ont pas eu la possibilité de suivre un enseignement dans un tel lycée.
Mais cette mesure est aussi extrêmement néfaste pour nos universités. Le principe premier de l’enseignement universitaire est l’interdépendance entre la recherche et l’enseignement, l’excellence de l’un nourrissant l’excellence de l’autre dans un cercle vertueux. Imposer un coût pour les études aux étudiants étrangers introduit une sélection qui ne repose en rien sur les qualités de chacun et a pour conséquence de tirer vers le bas la qualité de nos stagiaires et de nos doctorants et de nuire à la qualité de notre recherche et de notre enseignement universitaires.
Nous savons que l’université française est en crise. Les premiers responsables de cette crise, ce ne sont certainement pas les étudiants, même étrangers, mais les gouvernements successifs qui ont refusé d’augmenter les moyens permettant de faire face à l’explosion démographique actuelle, qui avait pourtant été prévue dès le début des années 2000. Cette mesure discriminatoire s’inscrit dans le mouvement de désengagement total entamé par la loi Pécresse de 2007, mais le gouvernement actuel est allé encore plus loin en diminuant drastiquement les ouvertures de postes et en gelant les salaires et le budget de la recherche.
Une large majorité de nos étudiants étrangers sont ressortissants de pays du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne, et ce sont les plus modestes d’entre eux qui vont être touchés par cette mesure. Pourtant, ce sont eux qui assurent le rayonnement de la langue française et de la culture francophone dans le monde entier. Les exclure de cette manière revient à se tirer un coup de fusil dans le pied !